Marée noire ... Erika 1999
Presse : |
LE RAPPORT
D'ENQUETE
Le rapport sur les causes du naufrage du pétrolier blanchit totalement le commandant et son équipage. Pour les experts, les principaux suspects de la catastrophe, due à " une défaillance de la structure du navire ", sont TotalFina et Rina. Et de mettre en garde contre une nouvelle catastrophe ! . . . |
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Le comportement du commandant n'appelle pas d'observation particulière. Il a fait ce qu'il pouvait avec les équipements dont il disposait. Et le commandant a géré la crise pratiquement seul". Pour les experts gouvernementaux chargés de faire la lumière sur les causes du naufrage de l'Erika, les hommes présents le 12 décembre 1999 sur le pétrolier n'ont rien à se reprocher. La cassure du navire est due "à une faiblesse de la structure ". Et tout le problème est là, note le Bureau enquêtes & accidents mer (BEA), auteur du rapport. " Ces faiblesses de structure n'ont été décelées ni par les sociétés de classification qui suivaient le navire, ni par les agents chargés de sa gestion nautique, en dépit d'indices relevés par le bord ainsi que par les inspections vetting. En l'état actuel de la réglementation, la structure des navires est vérifiées ç fond, y compris les cuves, ballasts et coque, tous les cinq ans en cale sèche par la société de classification chargée du suivi du bateau. Or la rouille peut proliférer très rapidement dans les entrailles du navire. Et de regretter que TotalFina n'est pas consulté l'ensemble de la documentation nautique disponible Mais il faut davantage de contrôle. Car dans les conditions actuelles, " un nouvel Erika est possible ", résume Georges Tourret, directeur du BEA. TotalFina, l'affréteur de l'Erika, s'est empressé de souligner qu'il avait respecté les règles en vigueur lors de l'affrètement du navire et des contrôles successifs. Le groupe ajoute qu'il n'a pas eu accès au dossier de la société italienne de classification Rina chargée du suivi du navire, sur l'état et l'historique du bateau, et qu'il ne peut se fonder que sur le certificat délivré par cet organisme. Le rapport accuse pour sa part Rina de ne pas avoir procédé, malgré la corrosion de cloisons et de la coque, à des vérifications supplémentaires du navire. Les soupçons semblent d'ailleurs converger vers cette société. La Commission européenne a ainsi annoncé son intention de l'inspecter " de façon approfondie " fin février. Le ministre des Transports Jean-Claude Gayssot a d'ores et déjà annoncé qu'il tiendra compte des recommandations de ce rapport lors de la table ronde organisée à la mi-février sur la sécurité du transport maritime.
EXTRAITS DU RAPPORT (établi par le Bureau enquêtes & accidents mer -BEA- du ministère des Transports) LE NAUFRAGE " La perte totale de I'Erika est très probablement imputable à une défaillance de la structure du navire ". " Un comportement différent de l'équipage n'aurait sans doute pas modifié le cours de l'événement". L'ERIKA " La propriété réelle de l'Erika n'est, dans l'état actuel des choses, pas publiquement revendiquée. La Commission a estimé que cette opacité patrimoniale était préoccupante. Bien que ce soit une pratique courante dans les milieux de la navigation commerciale, elle ne permet pas de remonter aux véritables décideurs, ce qui n'est pas acceptable". LES RECOMMANDATIONS " La commission souhaite que l'administration maritime maltaise, et celle, des autres Etats gérant un registre d'immatriculation des navires, puissent se doter d'un corps d'inspecteurs de la sécurité des navires, si elles n'en disposent pas déjà, proportionnel à la flotte qu'ils immatriculent". " La commission recommande au Rina de publier rapidement, au titre de ses responsabilités de société de classification, un document reprenant la totalité de ses interventions sur l'Erika ". " La commission recommande, aux sociétés pétrolières, de ne pas affréter sans prendre les plus grandes précautions, des navires anciens dont la propriété vient de changer depuis moins de 24 mois et/ou les conditions d'armement viennent d'être renouvelées ". " Pour les groupes pétroliers, assurer à nouveau sous leur pavillon national, la propriété directe, l'armement et l'exploitation d'une part majoritaire de la flotte qu'ils utilisent contribuerait sûre ment à réduire les incertitudes sur la qualité des navires utilisés ". " La commission recommande que les inspecteurs des sociétés pétrolières s'attachent davantage à une inspection de structure et qu'ils imposent aux armateurs de les rendre aussi souvent que possible réalisables ". " La commission recommande que tous les navires-citernes de plus de 20 ans soient dès l'an 2000 dûment inspectés structurellement au moins une fois par an, et aux frais de l'armateur, par une commission ad hoc".
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