Logo Marée noire Marée noire ... Erika 1999

 

   

 

Presse :

NETTOYAGE :

LA CHIMIE IMPUISSANTE

 
 

Ce fioul lourd numéro 2 (masse volumique , 1002 kilogrammes par mètre cube), destiné à la centrale thermique de l'Enel de Livourne, en Italie., est un résidu de distillation beaucoup plus lourd et visqueux que le brut de l'Amoco cadiz.

Il existe en théorie des solutions pour lutter contre les pollutions au pétrole léger.

Ainsi les dispersants (riches en tensioactifs), qui fractionnent la nappe en fines gouttelettes.

Le pétrole subit moins l'effet du vent (sa progression vers la côte est ralentie), et le courant dissémine les gouttelettes, les rendant plus facilement biodégradables. Mais les dispersions agissent sur des huiles de viscosité inférieure à 2000 cst (centistokes) - jusqu'à 15000cSt en laboratoire.

Le fioul de l'Erika , lui, présente une viscosité de 550 centiStokes lorsqu'il est maintenu à 50 °C dans ses cuves spéciales et passe à 20000 cSt à 10°C.

Au contact de l'eau, l'émulsion qui se forme atteint même des viscosité de 100 000 à 300 000 cSt!

Impossible de dissoudre cette substance proche du goudron.

"Connaissant la nature du polluant, on a su tout de suite que les dispersants ne seraient d'aucun secours", explique Michel Girin, directeur du Cedre. Laseule solution était alors de pomper, et c'est ce qu'ont fait les bateaux récupérateurs.

1 100 tonnes ont été récupérés.

"C'est déjà une réussite technique, compte tenu de la qualité du fioul. Mais l'opération a dû être interrompue en raison de la tempête. " Avec dix, voire quinze jours de beau temps, on aurait pu en venir à bout ", affirme Michel Girin.

Une autre solution chimique, préventive celle ci, a été mise en oeuvre pour la première fois à cette occasion: les filmogènes. Il s'agit de composés organiques à pulvériser, formant un film protecteur sur les rochers avant qu'ils soient atteints par le polluant.

Mais, là encore, le cas de l'" Erika " n'est pas " adapté " : ce film dois pouvoir sécher vingt quatre heures pour être efficace, ce que la météo n'a pas rendu possible.

De plus, les prévision ne permettaient pas de savoir où s'échouerait la nappe, et il aurait fallu traiter toute la côte en prévention.

Néanmoins, dans le port de l'Herbaudière, sur l'île de Noirmoutier (Vendée), notamment, où les rochers avaient été couverts de Balarep (filmogène acheté par TotalFina à la société REP),

il est apparu que le pétrole se nettoyait à l'aide de jets d'eau.

Ne s'attachant pas aux rochers, il échoue sur la plage, où il est plus facile de le ramasser. " L'essai se montrant concluant, nous allons maintenant intégrer ce produit dans notre stratégie de lutte ", déclare François Merlin, responsable recherche et développement au Cedre.

Mais pour l'" Erika ", il faudra encore se contenter des seaux, des pelles, des fourches… et des mains.

Cécile BONNEAU

Source : L' U S I N E N O U V E L L E No 2715 - 6 JANVIER 2000